De toutes les qualités que possède le Berger allemand, certaines brillent d'un éclat qu'aucune autre race canine n'a encore su égaler. Loyauté, fidélité et adhésion inconditionnelle aux désirs de son maître sont des qualités qu'il porte à la limite de l'abnégation et du sacrifice de sa propre vie lorsque cela s"avère nécessaire. Chien polyvalent par excellence, le berger allemand est capable de s'adapter à toutes circonstances.
Taillé pour l'action, présent dans toutes les disciplines sportives (RCI, pistage, agility, ...) et en utilitaire (chien policier, de décombres, de déminage, anti-drogue, d'avalanche, ...), ce décathlonien de l'espèce canine est le seul à être aussi présent dans tous les secteurs.
Courageux, intelligent, obéissant, fidèle jusqu'à l'extrême,le berger allemand est aussi le compagnon idéal de toute la famille!
Premières descriptions Les premières traces attestées du Berger allemand remontent au VIIème siècle.
Les lois germaniques punissaient d’une amende de 3 solidis, c’est à dire 38 marks environ, toute personne qui s’était rendue coupable du meurtre d’un chien de berger.
En 1606, Konrad Gesner décrit des chiens de berger qui devaient être blancs afin que les bergers ne les confondent pas avec les loups lorsqu’au crépuscule, ces derniers attaquaient les troupeaux
Le Berger allemand, entre chien et loup Certains auteurs affirment qu’au Xème siècle des moines de la vallée de Munster auraient accouplé des chiens de berger avec des loups apprivoisés.
Une race nouvelle serait apparue et la sélection en aurait fixé peu à peu les caractéristiques. Mais tout porte à croire qu’il ne s’agissait pas de loups mais de chiens de berger locaux (Fiorone, 1997). Dans son ouvrage Die Deutschen Hunde (1901), le naturaliste Strebel (cité par Teich Alasia, 1993) assure que des croisements furent pratiqués entre loups et Bergers allemands. Pendant une exposition à Dresde, il fit remarquer que chaque fois qu’un Berger allemand s’approchait des Barzoïs, lévriers chasseurs de loups, ces derniers devenaient furieux. Mais cette réaction n’est certainement due qu’à la ressemblance extérieure des Bergers allemands avec les loups.
De même Will Judy, dans son Encyclopédie du Chien (1936, cité par Teich Alasia, 1993), écrit que le Berger allemand est de la même famille que les chiens nordiques et autres Spitz, ce qui est tout à fait contestable, le premier ne possédant pas la plupart des attributs des seconds (queue enroulée sur le dos, petites oreilles, yeux obliques). D’ailleurs il est évident que les Groenlandais et les Malamutes d’Alaska sont beaucoup plus proches du Loup que ne l’est le Berger allemand, aussi bien en ce qui concerne la morphologie que le comportement. Le même auteur rapporte qu’en 1887, Burger de Leonberg croisait encore des loups avec ses chiens de berger, pour en améliorer les performances physiques (vue, ouïe, vitesse, endurance). Mais tout porte à croire qu’il s’agissait d’une expérience isolée, sans influence sur la sélection que Von Stephanitz avait déjà commencé à entreprendre.
D’ailleurs il est raisonnable de penser que de tels croisements auraient apporté plus d’inconvénients que d’avantages en terme de travail: un caractère moins soumis, plus indépendant, plus craintif, donc moins apte au dressage. Bien que comme toutes les autres races de chiens son ancêtre soit le loup (leurs séquences ADN ne diffèrent que de 0,2%), cette ressemblance du Berger allemand avec le loup ne provient donc pas de croisements récents entre ces deux animaux.
Premières tentatives d’uniformisation des races bergères allemandes Dans l’Allemagne du XIXème siècle, aucune race homogène de chien de berger ne se profile de manière précise. On trouve alors ce qu’on peut plutôt nommer des types régionaux:
les bergers de Wurtemberg, de Thuringe, de Souabe, de Bavière, de la Hesse… (Fiorone, 1997). Dans les années 1870, la crise rurale liée à la révolution industrielle entraîne la baisse du nombre de chiens de berger; elle engendre cependant un regard différent sur ces animaux précieux.
La disparition progressive mais irréversible des traditions de la campagne crée en effet une mode culturelle de découverte des valeurs rurales qui transforme le chien de berger en chien de compagnie en ville (Teich Alasia, 1993). D’autre part depuis 1871, l’Allemagne, sous la houlette prussienne de Bismarck, vit à l’heure centralisatrice. Contrairement aux Français qui essayent de sélectionner différents types régionaux de chiens de berger, les Allemands préfèrent créer une race nationale, symbole de la rigueur et de la qualité allemande (De Wailly et Dupont, 1993). Dès 1877, certains éleveurs font une première sélection à partir de deux types:
• le Berger de Wurtemberg, grand et solide, au poil sombre et épais, à la tête forte et aux oreilles tombantes, au fouet frangé et porté en sabre, dont le travail consistait à protéger les troupeaux en montagne. Il est très proche de l’actuel Hovawart.
• le Berger de Thuringe, au poil court et gris, avec une ossature moyenne, aux oreilles droites et à la queue en trompette, et dont la rapidité et la vigilance en faisaient un remarquable conducteur de troupeaux.
Les produits de ces premières expériences en matière d’élevage sont extrêmement hétérogènes.
Cependant le succès commercial de ces animaux est notable, certainement à cause de la ressemblance de certains d’entre eux avec les loups (Teich Alasia, 1993). Dès 1878, des éleveurs allemands tentent d’établir un groupement pour créer un type particulier, et dans son chenil prussien « César et Minka » situé à Zakna, Otto Friedrich élève des chiens de berger qu’il vend dans toute l’Europe; ce qui permit sans doute d’infuser un sang neuf pour la formation de races locales dans les pays frontaliers comme la Belgique.
Le 16 décembre 1891, le comte Von Hahn et le capitaine Riechchelmann, de Dunau, créent une association de race, le Phylax. Possédant déjà des sujets de taille moyenne, à oreilles droites et à queue portée basse, leur préoccupation s’oriente désormais surtout sur l’esthétique, mais des dissensions naissent, entraînant la disparition du groupement en 1895. En effet, certains éleveurs souhaitent conserver une ligne d’élevage du Berger de Thuringe, alors que d’autres préfèrent mêler Berger de Thuringe et Berger de Wurtemberg, pour obtenir un chien rapide, fiable, avec un caractère à la fois équilibré et dur (Ortega, 1994).
Von Stephanitz pose les fondations de la race
Le Capitaine Max Frederic Emile Von Stephanitz, né à Dresde en 1864, va lors devenir le véritable père du Berger allemand grâce à une rigueur dans la sélection qui ne s’est jamais départie durant ses 34 années de conduite de la race.
En 1897, il acquiert en Bavière la ferme de Grafath et, le 3 avril 1899, au cours d’une exposition à Francfort, il a le coup de foudre pour un jeune chien de troupeau gris et jaune de souche Thuringe, Hector Von Linkshrein, qu’il achète. Rebaptisé Horand Von Grafrath, il est le premier chien inscrit dans le livre des origines du Berger allemand (Schäferhund Ruchtbuch).
Von Stephanitz, qui est un homme d’action avant tout et veut imposer un type de berger national va, le 22 avril 1899, créer avec d’autres éleveurs, tel son ami Arthur Meyer, le Club du Berger allemand, c’est-à-dire le Verein für deutsche Schäferhund ou Union du Chien de Berger allemand, appelé en abrégé SV (Schäferhund Verein).